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professionnelle et personnelle

Gérer le comportement cyclothymique

Comportement cyclothymique : trouver sa place entre rires et larmes.

Qu’est-ce que le comportement cyclothymique?

C’est un trouble de l’humeur qui se définit par une fluctuation cyclique du moral. La personne touchée passe d’un moral au beau fixe à un moral au plus bas dans un laps de temps rapide.
De la joie euphorique aux crises de larmes, le sujet à tendance cyclothymique (qui est pourtant loin d’être associable) est difficile à comprendre et à contenir.

Préserver son environnement de travail

La cyclothymie est loin d’être un style de vie dans lequel le sujet se complaît.
Ce qui définit le tempérament cyclothymique est la régularité des crises. Il est inutile de se battre avec un cyclothymique. Il faut le reconnaître et adapter son comportement pour éviter une lutte quotidienne stérile.
Face au cyclothymique, votre but sera de préserver votre calme et votre environnement de travail. Vous ne pouvez ni le guérir ni le transformer puisqu’il trouve un équilibre précaire dans cette alternance excitation / abattement.

Reconnaître le comportement cyclothymique

  • Le sujet s’emballe très vite dans un contexte positif (euphorie)
  • A l’inverse, il tombe rapidement très bas dès que quelque chose ne se passe pas comme il le souhaite
  • Lors des périodes d’euphorie, il mène une vie faste et projette des dépenses inconsidérées. Rien ne peut entamer sa confiance en lui ou en l’avenir
  • Lorsque son moral baisse, tout l’atteint profondément. Sa sensibilité est exacerbée et il se sent blessé à la moindre réflexion.

Gérer les crises de positivisme

Pendant ces moments, il peut vous “décrocher la lune”et vous encenser :

  • Il ne faut pas entrer dans son jeu en se réjouissant avec lui. Même s’il vous complimente excessivement, ne cédez pas à la joie et aux fastes qu’il propose mais dites vous que ce comportement n’est que temporaire.
  • Modérer ses propos (éviter de dire “Oui! C’est formidable!” mais plutôt “Les choses semblent évoluer favorablement”). Ne pas montrer d’exaltation excessive dans les périodes de succès.

Gérer les passages de déprime

Rester soi-même et se dire que cela ne durera pas non plus. Eviter de culpabiliser le sujet à tendance cyclothymique en lui faisant remarquer que, peu de temps avant, son moral était encore au plus haut.

Le travail en équipe

La personne à tendance cyclothymique veut entraîner tout le monde de son côté (celui de la joie ou de la peine). L’équipe qui l’entoure doit savoir exploiter au jour le jour le positif qu’il offre en s’attendant à des lendemains incertains.

Le côté positif du comportement cyclothymique

Qui dit comportement cyclothymique dit grande sensibilité. Parfois le sujet à tendance cyclothymique fera des choix excellents dans l’urgence car l’instantanéité qui l’anime le pousse à saisir les opportunités. Son intuition est forte.

12Vos témoignages

Bonjour,
Je réponds à Mme Amélie Clermont, Présidente de Bicycle.
Merci d’avoir mis les mots sur ce trouble au travail. J’alterne les moments de motivation et de désolation, dans un contexte où les objectifs sont nébuleux, peu ou pas expliqués… et je doute de moi. Autant dire que ce n’est pas l’idéal pour “remonter”!
Effectivement, laisser la personne s’organiser elle-même dans son travail, avec des objectifs clairs et des échéances est une, voire LA solution. Je n’avais pas réaliser avant de vous lire que les tâches peuvent être réparties selon l’humeur du moment! et c’est un peu ce que je faisais, avec la culpabilité de ne pas m’ateler aux grosses missions en priorité, et celle de dépoter les tâches “faciles” en phase haute. Vos mots vont m’aider à m’organiser, plus sereinement. Je garde votre témoignage pour ma hiérarchie, et pour mon psychiatre à qui je formulais: “Si c’est bien, on me le dit; et si mon travail ne va pas, on ne me le dit pas, je le sais déjà et je le vis déjà suffisamment mal!”

Je complète par un grand merci à ceux qui nous soutiennent et supportent au quotidien; nous aussi, on doit se supporter, H24… Parfois vous êtes nos défouloirs mais on ne vous veut pas de mal, c’est juste qu’on vous fait confiance (vous êtes forts à nos yeux!); on a besoin de vous pour nous apaiser, nous tranquiliser sur notre valeur; et puis on a aussi tellement à apporter quand vous avez besoin. S’il vous plaît, ne quittez pas le navire! Mais on comprendra que vous sauviez votre peau face à tant de vagues et tempêtes!

Bonjour à tous
Je vis depuis 9 mois là même chose que certains d entre vous. J ai rencontré un homme, l amour de ma vie. Au début, tout était merveilleux même si je le trouvais euphorique, toujours à vouloir faire beaucoup d activité, me faisait danser dès 7 h le matin, parlait très vite et beaucoup… avec parfois des heurts avec mes enfants. Puis quelques mois normaux avant une grosse baisse de moral où là il m a quitté régulièrement, toujours le dimanche bizarrement. J ai réussi à le récupérer à chaque fois au bout d une journée ou deux car pugnace et très amoureuse mais depuis une semaine, c est fini. Nous nous sommes vus l après midi et fait des activités ensemble mais le soir, je rentrais chez moi. Depuis hier, il m’a bloque sur son téléphone pour rester seul et parcourir son chemin intérieur mais je suis dévastée. Il m a dit que rien n était perdu et qu’il lui fallait du temps mais je souffre de cette séparation.

Bonjour,
Je suis avec un homme depuis 1 an et demi, mais nous ne vivons pas ensemble car nous avons chacun des enfants en garde alternée. Au début tout était extraordinaire, beaucoup de fantaisie quelqu’un des très joyeux, imprévisible, et puis des comportements que je ne comprenais ont commencés à se montrer. Très négatif, repli sur soi, scénario catastrophiste, voir plus aucune communication, plus de son, plus d’image. Puis au bout de quelques jour à nouveau le type génial, amoureux. Au début j’ai cru que c’était la pandémie qui le perturbait, car ça a commencé à se voir à ce moment là. Je pense que ça a empiré cet état mais ça devait surement déjà être comme ça avant. C’est assez difficile à vivre car il me fait vivre beaucoup de joie donne beaucoup d’amour, et après il s’enferme et ne veut plus me voir, c’est chaque fois comme une douche froide. Je tiens énormément à lui mais, je ne sais plus si je dois lui dire que je comprends qu’il est comme ça et tenter de faire avec ou prendre mes jambes à mon coup. Je suis un peu perdue, je ne sais pas si vivre ensemble améliorerai les choses ou au contraire ce serait un enfer. J’espère que je vais trouvé la solution.
Merci pour les autres témoignages je retrouve complètement ses comportements et ça m’aide à comprendre.

Bonjour
Je suis vraiment heureux de lire vos témoignages et de m’apercevoir que mon ex-compagne était tout le portrait d’une cyclothymique, point par point j’ai découvert tous les symptômes. C’était invivable. Avant de nous quitter définitivement nous nous étions séparés au moins 5 FOIS en 6 mois par rapport à sans nouvelle pendant 8 à 10 jours, nous ne vivions pas ensemble, et le retour plein d’enthousiasme de sa part quand elle revenait. Bonne réception

Bonjour,
Je suis âgée de 29 ans, fait de la thérapie depuis mes 12 ans, plusieurs fois hospitalisée dans des hôpitaux psychiatriques car plusieurs tentatives de suicide, etc. un passé difficile (viol, violence psychologique et physique intrafamilial, placement car reconnue enfant en danger, perte de mon frère jumeau à l’âge de 19 ans, mère alcoolique…). Reconnue borderline et cyclothome depuis 5 ans. C’est pas facile car au moindre stress, un inconvénient, une parole mal placée etc. je peux très vite changer d’humeur sans m’en rendre compte.
Je n’ai pas d’enfant, mais j’ai adopté 3 chats qui vivaient dehors et je suis fière de moi car ils me motivent à aller de l’avant. Je suis reconnue invalide, mais j’essaye de sortir de chez moi, de cuisiner… Je pense faire du bénévolat, mais je dois encore sauter le pas à téléphoner.
Je sais que je ne suis pas facile à vivre, mais j’essaye souvent de me remettre en question, j’ai une merveilleuse psychologue qui m’aide énormément. Il faut savoir arriver à se poser, les hauts sont génial mais hélas cela ne dure pas et ni les périodes dépressives, donc je vis en fonction de mes états d’humeurs. Je suis diplômée éducatrice A2, et pourtant j’ai des tendances à avoir peur de la foule… Et puis un sourire ne coûte rien, mes animaux sont très reconnaissants… Il faut se dire que la vie est belle.
J’espère que mon témoignage vous aura donné un peu de joie et de courage. Bien à vous,

    Bonjour,
    Et merci de votre intéressant témoignage. Vous avez eu une vie bien chargée déjà. Votre courage va certainement aider d’autres personnes à aller de l’avant.
    Concernant votre investissement dans une association, je pense que c’est une excellente chose. Ne leur cachez pas votre invalidité et vos changements d’humeur afin qu’ils adaptent les missions qu’ils vous confieront. J’espère qu’ils sauront profiter de votre sensibilité, de votre créativité, de votre énergie, et qu’ils sauront aussi patienter et vous entourer quand vous en aurez besoin. Aidez-les à vous intégrer. Votre pathologie n’est pas une honte. C’est vous qui connaissez le mieux le problème alors prenez le temps d’expliquer.
    Je vous souhaite beaucoup de satisfactions dans ce cheminement.
    Isabelle

Je vis depuis 16 ans avec mon conjoint qui est cyclothymique dur dur surtout quand on a des enfants.

    Avez-vous besoin d’aide ? Contactez-nous pour en parler si vous le souhaitez, en cliquant sur le carré bleu APPI.
    Bon courage.
    Isabelle

Je vis avec un homme cyclothymique depuis deux ans, avec ces périodes de grandes euphories où tout va bien et d’un coup, tout s’écroule. Changements d’humeur. Parfois, il vit reclu pendant plusieurs jours et après ça, revient d’une humeur enthousiaste. Je ne sais plus comment gérer. Je le secoue, je lui parle énormément et me dis que je le saoule, tellement je n’en peux plus. Est-ce que je fais bien? Doit-on le laisser dans son coin, ne plus s’en occuper et attendre que cela passe? J’ai aussi parfois très peur qu’il me quitte suite à ses crises.

Je suis l’auteur du témoignage du 21 mars 2007.
J’ai revu mon collègue récemment. Il est toujours cyclothymique (!). Il est toujours au même poste. Mais ça m’a fait plaisir de voir que son comportement est correctement pris en considération par sa nouvelle hiérarchie et ses collègues immédiats. On lui confie maintenant des missions de confiance, seul à l’étranger, dans l’exigeant domaine de la sécurité aérienne, et ça se passe bien.

Dans votre article, qui est une première et j’en suis vraiment contente, vous avez oublié des aspects très importants par rapport au travail :
La personne cyclothymique au delà de son humeur (sympa/triste) a des variations d’énergie, des variations de capacité cérébrale. Au travail cela donne des périodes où les projets vont avancer à toute allure, et de manière très pertinente et brillante… Et le lendemain, il leur est tout simplement impossible de travailler (problème de concentration, de mémoire…).
La personne cyclothymique, la plupart du temps sait en tirer parti : en période basse, elle va s’atteler aux taches répétitives, ne demandant pas de réflexion, ni trop grande concentration, en période haute, elle va faire avancer les projets demandant de la jugeote, de la sensibilité… etc.
Il faut donc pour un manager, ou un collègue ne pas enfermer la personne cyclothymique dans la contrainte d’un emploi du temps rigide, ou dans une méthodologie de travail. Vous n’obtiendriez rien, et risqueriez de le laisser en période basse.
Le plus simple est de lui donner les objectifs et impératifs du projet, les besoins de l’équipe… Laissez-le s’organiser comme bon lui semble, même si cela vous parait étrange. Lui saura parfaitement prendre en compte les contraintes des clients, de sa société et de son équipe, les siennes! Il fait cela depuis l’enfance. Faites-lui confiance, laissez-le libre, vous ne devriez pas être déçu.
Amélie Clermont
Présidente de BICYCLE.

J’ai fréquenté un cyclothymique au travail. Dur, dur ! A chaque période d’euphorie, on se disait : là, c’est bon, il va bien, on va pouvoir lui confier tel projet, l’engager dans telle formation. Et puis il replongeait, et on était déçu, découragé et on lui en voulait un peu.
La phrase qui m’a marquée dans cet article, c’est « Vous ne pouvez ni le guérir ni le transformer ». Ca nous a pris du temps pour découvrir ça et l’intégrer dans les objectifs fixés à cette personne.