Pour mieux vivre sa vie
professionnelle et personnelle

Le quotidien du chômeur

Les difficultés de l'état de chômeur ; quel comportement ou état d'esprit pour mieux s'en sortir

Vivre le chômage est une expérience traumatisante surtout quand celui-ci s’éternise. Expérience que j’ai vécue pendant plus de trois ans et que je souhaite partager ici et à travers mon essai La Jungle du chômage. Partager pour montrer qu’il faut tenir et toujours croire en soi.

Au début on a confiance en soi. Mais avec le temps celle-ci s’amenuise et l’espoir s’envole. Tout du moins jusqu’à la prochaine candidature où l’on pense que cette fois-ci, le sésame emploi est enfin là, à portée de main. Encore une lettre de motivation, un CV remodelé puis l’entretien dans le meilleur des cas.

Lors de l’entretien, il faut répondre aux “questions posées qui sont pourtant interdites” : De quel parti politique vous sentez-vous proche ? (…) Avez-vous des mandats représentatifs ?
Quant aux femmes, elles sont toujours confrontées aux mêmes questions : Combien avez-vous d’enfants ? Êtes-vous enceinte ? Êtes-vous vraiment disponible ? Avez-vous l’intention d’avoir un bébé ? Ça ne vous dérange pas de partir tard le soir ? En tant que femme, êtes-vous capable de diriger une équipe ?

Face à ces préjugés à peine masqués, il faut apprendre à se défendre sans céder à l’agressivité et recentrer l’entretien sur le poste. Le couperet habituel tombe : “Vous êtes trop ceci ou trop cela”, “si je vous embauche pour ce poste que restera-t-il pour ceux dont c’est la formation de base ?”, “votre profil est intéressant, vous avez des compétences et des valeurs”, “je ne me fais pas de souci pour vous”, “vous allez bien trouver !”. Au final, c’est la même conclusion, le sésame emploi vous échappe.

Malgré tout ce travail de recherches, toute cette obstination ne suffit pas toujours. La réalité du parcours du combattant vous rattrape et au bout d’un certain temps ça use, ça décourage, ça frustre, ça pousse à la résignation et/ou à la colère. Surtout quand l’entourage s’y met avec des réflexions : “Tu es sûr que tu fais tout ce que tu peux ?”, “Que tu ne mets pas la barre trop haut ?”. “Que tu t’y prends bien ?”. “Que tu as pensé à toutes les possibilités ?”. L’impression de ne pas voir le bout du tunnel s’installe et mine peu à peu l’égo des personnes qui y sont confrontées. Perte de confiance, fatigue psychologique, troubles psychosomatiques, sommeil perturbé… la souffrance est là, elle couve en soi tel un feu qu’on ne parvient pas à éteindre.

Cependant on n’a pas le droit de flancher d’autant plus lorsqu’on est en charge d’une famille. Rester digne, ne rien dire, ne rien montrer autour de soi. Vivre comme si de rien n’était. Jour après jour, demeurer à l’écoute du marché de l’emploi. Prouver encore et toujours que l’on est le bon profil pour le poste proposé… Seules voies de salut pour s’en sortir. C’est le quotidien que vit un chômeur en recherche active d’emploi.

2Vos témoignages

Ce témoignage est d’une lucidité et d’une sincérité touchante… J’insisterai aussi sur les impacts du chômage sur la vie sociale. De nature plutôt communicante, j’ai vécu une période de chômage qui m’a mise en face de certaines choses : on est toujours soumis aux normes et même si on dit qu’on peut passer outre, souvent ce n’est pas le cas… Combien de fois j’ai senti le malaise d’amis ou même de nouvelles rencontres une fois que vous leur dîtes que vous cherchez du travail… Et oui, on vous pose la question de votre activité, normal : faudrait-il s’inventer une vie pro pour être soudain digne d intérêt? Car c’est bien aussi le regard de l’autre qui a un impact sur votre moral et l’estime de vous même à ce moment là : vous ne vous sentez pas à la hauteur, différent, "hors norme"… Je crois que ces réactions extérieures sont avant tout des réactions de peur et d’évitement : on ne sait jamais, des fois que le chômage serait contagieux :-) ! Alors qu’il faut bien se rendre compte que pour se "maintenir" dans ces moments là, il faut des ressources considérables… Avec le recul, je me dis que s’entourer de personnes avec la même problématique que soi et avec la même dynamique permettrait de faire face à tout ça de façon plus constructive… Je souhaite bon courage à ceux qui traversent cette période difficile car je l’ai connu moi-même pendant plusieurs années mais la roue tourne ! :-)

La manière dont Florence décrit le « parcours du combattant » pour une personne en recherche d’emploi est vraisemblablement vécue par la plupart des personnes se trouvant dans cette situation. Ainsi qu’elle le dit, il faut apprendre à « tenir » et « toujours croire en soi ». Difficile certes, mais possible selon moi. Je lirai son livre avec grand plaisir.
Pour avoir vécu plusieurs expériences particulières dans ma vie de femme, tant comme salariée que non salariée (chef d’entreprise) – 13 ans salariée ; 20 ans travailleur non salariée, les mêmes obstacles viennent contrer notre motivation, notre implication, notre volonté de construire notre vie professionnelle – et cela surtout lorsqu’on est une femme, mère de famille de surcroît et pas forcément sortie des grandes écoles. Pour ma part, malgré la difficulté, les obstacles, j’ai fait mon chemin avec un but, un objectif précis, celui de me réaliser, de m’assumer, d’assumer mes responsabilités de mère de famille, d’assumer mes responsabilités de chef d’entreprise, celui de regarder devant moi en sachant que rien n’est jamais acquis, que la remise en question doit être permanente tant en terme de comportement, d’apprentissage, de formation.
Toutefois, ce que j’ai appris et ce que je retiens, c’est que « nos ressources » sont innombrables, que nous pouvons nous réaliser professionnellement, et ce malgré les obstacles, nombreux, quand nous avons compris que nous sommes dotées de capacités insoupçonnables. La connaissance de soi, l’estime de soi, la confiance en soi, s’acquièrent selon moi bien sûr par des formations dans ce sens mais surtout par le fait « d’y aller », de « s’exposer », « d’oser aller taper à des portes » en sachant que certaines se refermeront aussi vite et qu’effectivement cela est difficile à vivre, mais qu’inévitablement certaines nous conduiront vers des opportunités. Je crois que cela est vrai dans tous les cas, tant pour les personnes en recherche d’emploi que pour les personnes désirant créer leur entreprise.
Mais n’est-ce pas aussi le combat à mener dans notre vie au quotidien quoique nous vivions ?